Interview de Vincent POUCHAIN, joueur de Rugby Fauteuil qui recevra le fauteuil adapté que Direct Signalétique a souhaité offrir au club de Lille.
Vincent est tétraplégique (handicap aux quatre membres). Il est handicapé à 82% suite à un accident de voiture à 24 ans.
Tout d’abord, peux-tu nous raconter ton histoire ?
Le 24 Juillet 2009, jour de l’accident de voiture, je roulais à 60 km/h sur l’autoroute dans les bouchons. J’ai voulu gagner quelques places avant de prendre la sortie mais je m’y suis pris au dernier moment et ma voiture a percuté une de ces grosses balises en plastique vert. En se déclenchant, l’airbag a projeté ma tête en arrière avec une telle force qu’elle a plié l’appui tête à 45°. Les pompiers ont mis 45 minutes pour me désincarcérer et le lendemain je me suis fait opérer pour une fracture des cervicales. Je suis resté ensuite dans le coma 3 semaines.
Au réveil je me souviens encore de ce médecin qui, avec un grand sourire m’a annoncé que j’allais rester alité toute ma vie… Au début tu ne réalises pas trop, tu es perdu. Je suis arrivé en centre de rééducation à Lille en Octobre 2009, j’ai dû réapprendre à manger, à m’habiller… bref à tout faire !
Et aujourd’hui ?
3 ans après l’accident, le 4 Juin 2012 j’ai donc repris mon activité. Je travaille chez Toyota comme avant l’accident, je suis formateur en maintenance.
Qu’est-ce qui est le plus difficile pour toi ?
Pour moi ? rien ! C’est le regard des autres qui est difficile. Les gens nous dévisagent mais moi je ne me sens pas diminué ! Je fais même plus qu’avant !
Tu te sens plus ou moins heureux qu’avant ?
[…] Pas plus, pas moins ! J’ai découvert d’autres choses et je profite !
Tu es parfois jaloux des autres ?
A part me mettre debout ? Qu’est-ce que j’ai de moins que les autres ? Rien !
Es-tu nostalgique de la vie avant l’accident ?
Non, c’est la même vie mais autrement. Souvent on me dit « Qu’est-ce que vous êtes courageux », moi je réponds que non, c’est la personne malade qui doit affronter la mort ou même le père de famille au chômage qui est courageux, mais pas moi !
Qu’est-ce qui t’énerve ?
Quand on me dit que je suis handicapé. Non je suis valide ! C’est l’environnement qui me met en situation de handicap.
Maintenant, parle-nous du rugby fauteuil.
J’ai commencé à la fin de l’année 2011. Pour les tétraplégiques comme moi il n’y a pas mille sports adaptés à notre handicap : la danse, la sarbacane et le rugby fauteuil.
Qu’est-ce que tu aimes dans ce sport ?
J’adore le contact, quand on se rentre dedans, on m’appelle d’ailleurs le Murder Ball ! J’aime aussi le côté physique et l’esprit bon enfant ! Aujourd’hui je fais 3 entraînements par semaine plus les matchs. Je suis un sportif de haut niveau qui a accessoirement un handicap.
Quel est ton niveau ?
Le club de Lille propose 2 équipes, une en N2 et une en N1. Je fais également parti de l’équipe de Wallonie.
Explique-moi rapidement les règles du rugby fauteuil.
Les règles sont complexes mais pour faire simple, chaque équipe est composée de 4 joueurs. Pour avoir des équipes équilibrées, la somme des 4 ne doit pas dépasser 8 points. Par exemple, moi je vaux 1 point car je n’ai pas de tronc. 0,5 est le plus fort des handicaps et 3 est le moins touché. Le but du jeu est de passer au moins 2 roues derrière la ligne adverse avec le ballon dans les mains.
Qu’en est-il du financement de ce sport ?
Même si on est en 1 ère division, il n’existe aucune aide, tout est à la charge des joueurs ou du club. C’est pourquoi l’achat du fauteuil par Direct Signalétique est une véritable chance !
As-tu déjà un fauteuil ?
Non pas à moi, c’est beaucoup trop cher ! C’est un fauteuil prêté par le club mais il a déjà plus de 5 ans et il devient un peu abîmé. De plus, il n’est pas adapté à ma position ni à ma dimension! Il faut savoir qu’un fauteuil pour un sportif c’est comme des baskets ! Il faut qu’il soit parfaitement à sa taille pour être à l’aise.
Une dernière phrase ?
Si on ne se bouge pas le cul, la vie peut être pénible…